La naissance d’un enfant représente un événement bouleversant dans la vie d’une femme, souvent accompagné de modifications importantes de son comportement alimentaire. Une récente étude longitudinale menée dans le cadre de la cohorte NutriNet-Santé a exploré ces changements en se concentrant sur l’impact du statut de parité des femmes. Cet article revient sur les principaux résultats de l’étude, les facteurs influençant les comportements alimentaires et les implications pour la santé publique.

🟢 Contexte de l'étude
La cohorte NutriNet-Santé, lancée en 2009, vise à comprendre les liens entre nutrition, santé et leurs déterminants. Cette étude spécifique, menée entre 2014 et 2018, a inclus 4 194 femmes en âge de procréer, regroupées selon leur statut de parité :
Sans enfant (nullipares) : femmes sans enfants en 2018.
Primipares : femmes ayant eu leur premier enfant entre 2014 et 2018.
Multipares : femmes ayant eu au moins un enfant avant 2014 et un autre entre 2014 et 2018.
Déjà mères (enfants précédents) : femmes ayant eu des enfants avant 2014, sans nouvelle naissance entre 2014 et 2018.
Des données détaillées sur la consommation alimentaire ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire de fréquence alimentaire (FFQ) évaluant notamment la proportion de consommation bio.
🟢 Résultats clés
1. Des changements alimentaires observés dans tous les groupes
Toutes les femmes étudiées ont montré une tendance vers une alimentation plus saine et durable entre 2014 et 2018, bien que l’ampleur des changements varie selon leur statut de parité.
Nullipares : ces femmes ont adopté une alimentation plus durable, avec une augmentation significative de la consommation de produits bio, de légumes, et de légumineuses.
Primipares : elles ont notablement réduit leur consommation d’alcool (-23 g/jour) et de café/thé (-107 g/jour), tout en augmentant leur apport énergétique (+349 kcal/jour) et leur consommation de produits laitiers (+30 g/jour).
Multipares et déjà mères : ces groupes ont montré des évolutions plus modérées et une consommation accrue d’alcool et de café.
2. Lien entre la naissance d’un enfant et la consommation Bio
Les primipares étaient les plus susceptibles d’augmenter leur consommation de produits bio, motivées par des préoccupations de santé pour leur enfant et d’environnement pour les générations futures. Cependant, les contraintes financières ont freiné l’adoption généralisée d’une alimentation bio, notamment chez les femmes avec plusieurs enfants.
3. Facteurs socio-démographiques et éducation
L’étude a révélé que le niveau d’éducation joue un rôle déterminant dans les comportements alimentaires :
Les femmes diplômées ou ayant un revenu plus élevé ont montré une meilleure adhésion aux recommandations nutritionnelles.
Les femmes moins diplômées ou avec des revenus faibles ont rencontré davantage de difficultés à maintenir une alimentation équilibrée pendant et après la grossesse.
🟢 Explications des modifications alimentaires
1. Facteurs psychologiques et cociaux
Santé de l’enfant : la grossesse et la maternité encouragent les femmes à adopter des habitudes alimentaires plus saines pour le bien-être de leur enfant.
Pression sociale : le désir de répondre aux attentes sociales d’une "bonne mère" peut également influencer les choix alimentaires.
Stress et fatigue : le manque de sommeil et le stress post-partum poussent parfois les mères vers des aliments prêts à consommer et moins sains.
2. Facteurs physiologiques
Les nausées et les aversions alimentaires pendant la grossesse peuvent entraîner des modifications des préférences alimentaires à court terme, qui se prolongent après la naissance.
🟢 Implications pour la santé publique
Ces résultats soulignent l’importance d’un accompagnement nutritionnel personnalisé pour les femmes enceintes et les jeunes mères. Voici quelques recommandations pratiques pour soutenir ces changements :
Encourager l'éducation nutritionnelle : informer les mères sur les bienfaits d’une alimentation équilibrée et durable pour elles et leur enfant.
Promouvoir les produits bio accessibles : développer des politiques facilitant l’accès à des produits bio, notamment pour les familles à faibles revenus.
Intégrer la nutrition dans les consultations post-natales : informer les médecins des problématique post-natale pour encourager les mères à se faire suivre en post-natale afin de sensibiliser les mères à leur propre alimentation, en plus de celle de leur enfant.
Limites et perspectives
L’étude présente quelques limites, notamment un échantillon composé de volontaires souvent plus éduqués et avec de meilleures habitudes alimentaires que la moyenne. Néanmoins, elle offre une base solide pour comprendre les dynamiques alimentaires liées à la maternité.
Des recherches futures pourraient explorer la persistance de ces changements alimentaires au-delà des quatre ans étudiés et leur impact sur la santé des mères et des enfants.
Références :
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